Site Homosexualité
On parle beaucoup de l'homosexualité... Mais toujours soit pour condamner soit pour affirmer que tout va bien... Or certains souffrent de leur situation et se trouvent dans une impasse. Il faut donc oser leur dire que la possibilité de changer existe. Mario Bergner a été professeur d'art dramatique à l'université de Boston, puis à la Carnegie Mellon. A l'heure actuelle, il est pasteur dans l'Eglise Anglicane. Il est l'auteur de l'excellent livre : "Aimer en vérité". Il est interviewé ici, dans la revue chrétienne "Certitudes".
Le grand saut vers
une autre identité
As-tu choisi d'être homosexuel ?
Non, je dirais plutôt que cette sorte de sentiments et de pensées se sont développées en moi au cours de mon enfance, au point que, entré dans une sexualité d'adulte, j'étais exclusivement attiré par les hommes. Comme la plupart des homosexuels, je constate en remontant dans le temps n'avoir jamais été sensible à une relation avec une femme. Mes premières émotions se caractérisaient par de forts sentiments envers d'autres garçons. Déjà vers 5 ans, sans pouvoir définir les choses, je savais qu'il y avait en moi quelque chose qui m'attirait vers eux, mais d'une façon que je pressentais différente d'un intérêt normal que j'aurais pu éprouver à leur endroit.J'ai découvert le mot "homosexuel", pour la première fois, dans un dictionnaire quand j'avais 13 ou 14 ans. En lisant la définition, je me suis dit "Ah! voilà qui décrit parfaitement ce que je ressens au plus profond de moi". Comme je le dis dans mon livre, c'est à ce stade que j'ai pu identifier mes tendances et mes orientations pour ce qu'elles étaient. Vers l'âge de 18 ans, en entrant à l'université, j'ai rencontré un certain nombre d'homosexuels, tous des gens très amicaux, chaleureux et intelligents, et j'ai commencé à m'identifier à eux. Alors, j'ai pris conscience, non seulement que j'étais sexuellement attiré par les hommes, mais que j'étais bien un gay caractérisé.
Plus tard, tu as décidé de rompre avec cette vie-là...
Ce n'est pas vraiment que j'aie décidé de quitter cette voie... Pendant quelques années, donnant tête baissée dans un libre défoulement, ce style de vie a été ouvertement le mien : je ne mentais donc à personne, enchaînant les relations et y prenant du plaisir. J'avais des amants, pour lesquels je prenais toutefois du souci - et je continue à me préoccuper du sort des personnes de ce milieu - mais quelque chose a commencé à changer en moi quand j'ai réalisé que le style de vie gay, à New-York ou à Boston où j'enseignais à l'université, était très focalisé sur la jeunesse et sur la beauté juvénile. Âgé de 25 ans, je pouvais en effet attirer les hommes, mais je savais aussi que ça n'allait pas durer toute ma vie.Un jour, au début des années 80, en observant ceux qui peuplaient le bar gay où je me trouvais, je remarquais au fond de l'établissement des homosexuels un peu plus âgés. Ils se tenaient à l'écart, dans un coin sombre, alors que les plus jeunes dansaient et s'amusaient sous les projecteurs. En sirotant une boisson, je me pris à penser : "Un jour, je serai l'un d'eux". Dans le milieu gay, on les affublait d'un terme plutôt insultant : les "trolls". Là, je me souviens avoir crié à Dieu : "Seigneur! Je vais devenir un troll!" Et, tout au fond de moi, j'ai perçu fortement que c'est bien ce qui m'attendait : être un vieux paria solitaire, sans personne avec qui partager ma vie. Et ce n'était pas ce à quoi j'aspirais. Mais, jusque là, lorsque j'essayais de maintenir une relation durable, jamais ça ne marchait. Même si c'est l'idéal qu'on essaie de prêter au milieu gay, la réalité est autre : les homosexuels ne sont pas portés à la fidélité, tout particulièrement les hommes. Je n'avais donc pas beaucoup d'espoir de trouver quelque chose de durable, qui s'étendrait à toute une vie.
Dans ce bar, le désespoir à commencé à me gagner au point que j'ai crié à Dieu : "Seigneur : n'y a-t-il vraiment rien de plus que puissent espérer ces hommes tapis dans leur recoin? Tu dois sûrement les aimer et avoir un autre projet que de les voir condamnés à se cacher dans la pénombre d'un bar gay, à pleurer leur jeunesse perdue et à rêver d'une nuit de passion avec l'un ou l'autre de ces jeunes gens superbes."
A ce moment précis, là, dans ce bar, j'ai ressenti la présence de Dieu à mes côtés. D'une certaine façon, j'ai reçu la certitude qu'il allait me montrer comment sortir de l'impasse. C'était étrange car, à l'instant d'avant, ce n'était pas du tout le genre de question que m'habitait. Jamais je ne m'étais demandé jusque-là : "Comment puis-je sortir de l'homosexualité?" A la suite de cette soirée, il est survenu une suite d'évènements où, en fait, le Seigneur s'est approché de moi. Lentement, je me suis trouvé en présence de choix qui, de fil en aiguille, m'ont conduit plus tard à quitter l'homosexualité.A cette époque, j'ai été hospitalisé à Boston. Au cours des examens, alors qu'une infirmière me prélevait du sang, j'ai prié : "Seigneur, comment se fait-il qu'à mon âge - j'avais 23 ans - je me trouve dans cet hôpital où l'on m'examine pour une maladie qui pourrait me tuer?" A cet instant, j'ai eu comme une apparition de Jésus me disant : "Je veux guérir ta personne toute entière, et pas seulement ton corps : choisis!"
J'ai choisi de l'écouter, d'abord parce que je ne voulais pas mourir. Curieusement, à partir de cet instant, les choses ont basculé. Les analyses de sang avaient révélé un gros déficit de globules blancs, mais après une nouvelle prise pour préparer une biopsie de la moelle osseuse, le médecin est arrivé en déclarant : "Votre taux de globules blancs a miraculeusement fait une remontée." En l'espace de quelques jours, il allait progressivement redevenir normal. Je suis convaincu que Dieu a posé sur moi une main d'amour quand j'ai crié à lui, alors que je traversais une période de crise. Une nouvelle fois, dans cet hôpital, je me suis senti proche de lui. Cependant, il a fallu huit mois supplémentaires avant que je ne sois persuadé que le Seigneur me demandait d'abandonner mes comportements homosexuels.Durant cette période, Dieu a commencé à m'éclairer, en m'aidant à comprendre que mes problèmes provenaient d'une relation brisée avec mon père. Pouvoir lui pardonner était une chose, mais recevoir le pardon de Dieu en était une autre : il y avait mes façons de réagir par rapport à mon père, et il y avait ses propres comportements à mon endroit, qui étaient une blessure. Et il y avait surtout cette blessure qui marquait la perception que j'avais de moi-même en tant qu'homme. Au cours de cette période transitoire, je priais régulièrement, en remettant à Dieu mes comportements faussés. Un jour, j'ai compris qu'il fallait que je quitte le poste que j'occupais et que je rejoigne une autre université.
Ton passage à l'hétérosexualité ne s'est pas fait en l'espace d'une nuit....
Certainement pas!. Un processus est né quand je me suis tourné vers Dieu, et il s'est développé au cours d'un cheminement avec lui, dans une forme d'intimité du cœur, de telle sorte que j'ai pu lui remettre ma vie entière, y compris mes comportements à problèmes. Il y avait certes la pratique homosexuelle, mais la vérité c'est que j'étais intérieurement construit sur ce modèle, et cette structure devait être démontée entièrement. Cela a pris du temps. J'ai dû affronter la peur que j'avais de mon père, comme aussi le fait que, surtout, jamais je n'aurais voulu lui ressembler. Je me suis alors détaché de lui, mais je me suis alors rendu compte que, de ce fait, je me détachais de moi-même en tant qu'homme et que mes tendances homosexuelles étaient le fil par lequel je me reliais à la masculinité dans un contexte de tendresse, d'affection, d'inclination.En fait, les contacts que j'avais eu avec mon père s'étaient toujours situés dans un contexte d'agressivité, d'irrespect, de manque d'amour. Or, tous les petits garçons ont besoin d'une relation d'amour avec leur père, de telle sorte que leur personnalité masculine trouve à s'affirmer. Ce manque conditionnait mes élans et le besoin de l'amour d'un homme.
La façon dont je me percevais en tant qu'homme a dû, elle aussi, évoluer avant que je ne le réalise : quelque chose était en train de changer en moi. Tout au long de cette période où la relation que j'avais avec moi-même et avec les hommes a été passée en revue, de fortes pulsions et des tendances homosexuelles continuaient à se manifester.
Cependant, un jour, à l'université où j'enseignais désormais le théâtre et la diction, je travaillais un texte de Shakespeare avec une étudiante. Alors que je l'aidais à déclamer son texte avec légèreté et aisance, d'un coup, j'ai eu une intuition de sa féminité. Ce sentiment me prenait de court : il semblait venir d'elle, et me traversait, produisant un effet tel que j'en étais bouche bée, comme cloué sur place. C'est au moment où elle a pris congé que j'ai alors réalisé que j'étais saisi, physiquement, par une attirance différente, à laquelle je ne m'attendais pas du tout.
C'est à ce moment que les prémices d'une hétérosexualité réprimée ont commencé à germer, en cohabitant avec mes anciennes attirances qui revenaient périodiquement à la surface. Mais un processus était en marche, et au fur et à mesure qu'il se développait, je me dégageais de ce qui avait construit mon homosexualité. J'ai commencé aussi à repenser mes relations avec les femmes qui avaient marqué ma vie, et particulièrement avec ma mère. Les discordances que j'avais ressenties à leur sujet ont laissé la place à une pulsion hétérosexuelle qui prenait le dessus. En réalité, rien ne s'est fait en l'espace d'une nuit. Et il a fallu quelques années encore avant que je ne sois prêt à me marier.
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